200 milliards d'euros détournés
200 milliards: le coût annuel de l’inefficience de l’administration
Par Didier Picot
Alors que le gouvernement semble se féliciter de ce que le déficit public en 2020 ne sera « que » de 10% du Produit Intérieur Brut (PIB), il convient de rappeler que l’Administration détourne chaque année 200 000 000 000€ (200 milliards €) en frais de fonctionnements inutiles. Il ne s’agit pas d’un simple relâchement coupable, mais d’une ponction dévastatrice des forces vives du pays. Ce fait politique majeur, dont personne n’osera parler, sera en creux au centre de l’année électorale qui s’ouvre.
32% de frais de fonctionnement
Je cherchais ce chiffre depuis longtemps.
Dans un rapport publié par l’Institut Montaigne en Mars 2019, Jean-Ludovic Silicani, haut fonctionnaire, ancien Commissaire à la Réforme de l’Etat, nous l’a enfin dévoilé : notre pays consacre 18% du PIB, c’est à dire de la richesse créée par le pays, à payer le personnel administratif, les bureaux et les autres frais de fonctionnement de son Administration (ordinateurs, téléphones, automobiles, frais de représentations, consultants, etc.). Comme la dépense publique représente 56,4% du PIB, ça veut dire que 32% de nos impôts et des dettes que nous accumulons servent à payer ces frais généraux.
Le reste sert véritablement à quelque chose : 57% de la dépense publique vont aux dépenses dites « d’intervention », c’est à dire les diverses aides, subventions et transferts sociaux accordés aux particuliers, associations et entreprises, 7% sont des investissements et 3,5% environ servent à régler le coût de la dette.
Alors, 32%, soit 413 000 000 000 € de frais de fonctionnement par an (chiffre 2017), c’est beaucoup ou pas ?
L’administration détourne 200 milliards
- L’Etat lui-même a établi un standard (pour les autres) : 15%. Suite au scandale des dépenses somptuaires de la Ligue contre le Cancer payées avec les dons, il a en effet établi que les frais généraux d’une association d’intérêt général ne pouvaient pas dépasser ce chiffre.
- On estime que les frais de fonctionnement public en Allemagne s’élèvent à 8-10% du PIB, soit environ moitié moins qu’en France.
Réponse : 32% c’est au moins deux fois trop. 200 000 000 000 € (200 milliards) de trop.
Ces 200 000 000 000€ de trop, c’est 3 fois le budget des Armées, 17 fois celui de la Justice, 40 fois celui de l’Agriculture.
En frais de personnel et de fonctionnement inutiles, chaque année !
(Rappelons que dans les frais de fonctionnement utiles, il y a bien sûr tous les « fonctionnaires qui fonctionnent » dont j’ai fait l’éloge dans ces colonnes).
Une méthode de dissimulation éprouvée
Pour nous cacher ce détournement, l’Administration, avec la complicité active de la presse officielle, a mis en place différents discours :
- Les frais généraux sont un mal nécessaire (ce qui est vrai, mais pas à ce niveau)
- Si vous critiquez l’administration, c’est que vous êtes un être primaire qui n’aime pas les fonctionnaires ! (sans commentaire)
- Tout est transparent : lisez les dizaines de milliers de pages de rapports et de sites Internet (ici, la complexité sert d’opacité),
- L’administration fait des efforts de réduction de coûts (à part réduire les prestations au public, c’est faux).
Si vous n’êtes toujours pas convaincus, arrive l’argument massue : vous remettez en cause le contrat social, la nécessaire solidarité, la protection des plus faibles, la redistribution etc., sans vous soucier du bien commun !
Nous y voici : la classe dominante, mandarinale, confond son intérêt de classe avec l’intérêt général. Paraphrasant la grande General Motors des années 1960 aux Etats-Unis, tel est son slogan : ce qui est bon pour l’Administration est bon pour la France !
Et puis, argument final, si vous n’êtes pas d’accord, on fait grève.
Un détournement fiscal mortel
Des frais de fonctionnement au standard international (10% de PIB), ça signifierait :
- La fin des déficits publics qui sont de 3 à 6% du PIB (hors COVID), soit beaucoup moins que les détournements de l’Administration,
- Une baisse de tous les impôts de 15% à 18% (TVA, charges sociales, etc.),
- Alternativement, à imposition égale, des dépenses d’intervention augmentées de 200 milliards : plus de moyens à nos armées, l’éducation nationale, la santé, plus de redistribution aux plus faibles, etc.,
- Ou, dans la pratique probablement, un mix des deux.
Une sale histoire d’argent qui détruit le pays
La gauche réclame plus d’impôts pour plus de redistribution, la droite moins d’impôts pour soutenir la compétitivité des entreprises. Ces deux discours teintés d’idéologie ne prennent pas en compte la réalité toute simple : notre Administration détourne des sommes gigantesques au profit de son clan et prive ainsi le pays de ses ressources et de son énergie créatrice.
Il ne s’agit pas juste d’un manque de maitrise budgétaire, mais bien d’un détournement de fonds débilitant qui détruit l’économie, l’emploi, le lien social, le consentement à l’impôt, la redistribution et la protection des plus faibles. Sans compter que la dette abyssale qu’elle nous met sur le dos signifie, à terme, la perte de notre indépendance nationale.
Comme un trou noir qu’on ne veut pas voir, l’Administration française aspire et détruit tout sur son passage, et d’abord la France.
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