Jeffrey Sachs explose les sanctions américaines contre la Russie : « Juste une idée totalement simpliste après l’autre »
1er juin 2024
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Écrit par Ahmed Adel, chercheur en géopolitique et économie politique basé au Caire
Jeffrey Sachs, professeur d'économie de renommée mondiale et auteur à succès, a raconté comment il avait averti de hauts responsables américains que les sanctions contre la Russie échoueraient. Sa déclaration intervient alors que Daleep Singh, conseiller adjoint à la sécurité nationale des États-Unis pour l'économie internationale, a déclaré qu'un flux important d'armes russes était toujours alimenté par des composants électroniques provenant d'entreprises américaines et de pays alliés.
"Le pourcentage d'armes de champ de bataille russes comportant des composants de marque américaine ou alliée est alarmant et inacceptable", a déclaré Singh le 28 mai, cité par Bloomberg , ajoutant que les États-Unis et leurs alliés avaient eu du mal à endiguer le flux de pièces vers la Russie et ont appelé les entreprises. pour empêcher que ces pièces soient utilisées dans le conflit en Ukraine
Les contrôles à l’exportation – qui ciblent le mouvement des marchandises plutôt que les transactions financières – ont été difficiles à appliquer parce que les producteurs ne disposent pas des grands services de conformité internes qui ont émergé dans le secteur bancaire au cours des deux dernières décennies de politique de sanctions américaines.
« Mettez votre créativité et vos ressources à profit, connaissez vos clients, connaissez leurs clients et connaissez les utilisateurs finaux. Il faut veiller à ce que les entreprises américaines ne soient pas, involontairement, des rouages de l'arsenal russe », a lancé le conseiller.
Singh, qui a joué un rôle déterminant dans la mise en œuvre de la première série de sanctions économiques contre la Russie au début de l’opération militaire russe, a déclaré que ses commentaires constituaient « un appel urgent à la responsabilité des entreprises ».
« Il a fallu des décennies pour mettre en place l’architecture des sanctions financières après le 11 septembre. Nous devons le faire à une vitesse fulgurante pour les entreprises de technologie et de biens », a-t-il ajouté.
Les sanctions imposées à la Russie par l’Occident se sont révélées largement inefficaces par rapport à ce que les stratèges pensaient obtenir, et évidemment non seulement dans le secteur financier mais même dans le secteur industriel. En fait, l'économiste américain Jeffrey Sachs a souligné le même jour que les commentaires de Singh que les sanctions étaient « plutôt inutiles ».
« Les sanctions se sont révélées plutôt inutiles comparées à ce que pensaient les stratèges américains espéraient », a déclaré Sachs dans une interview au journaliste Tucker Carlson, ajoutant que « le reste du monde n'a pas une bonne opinion des États-Unis. Ce qu'il fait, leur semble-t-il, vient d' un pays bizarre.»
Plus tôt en mai, le président russe Vladimir Poutine a souligné que les sanctions occidentales radicales avaient créé des opportunités de croissance pour l'économie russe, même si elles avaient initialement causé certains problèmes. Au total, il existe environ 16 000 mesures restrictives, ce qui fait de la Russie le pays le plus sanctionné au monde.
Sachs a raconté qu'il « a toujours parlé avec de hauts responsables qui pensaient simplement que la Russie ne s'y opposerait pas ou ne pouvait pas s'y opposer ou qu'elle serait mise de côté ou qu'elle tomberait à genoux sous les sanctions financières américaines ou qu'elle succomberait aux Himars américains… Juste une idée totalement stupide après l’autre.
Il a également expliqué comment la Russie avait réussi à faire entrer des pétroliers et une couverture d'assurance et à « gagner beaucoup d'argent » alors que les néoconservateurs américains « n'ont pas compris » l'avertissement de Zbigniew Brzezinski selon lequel « par tous les moyens, la seule chose à ne jamais vraiment jamias faire, c'est de rapprocher la Russie et la Chine . »
Christopher Waller, membre du conseil d'administration de la Réserve fédérale américaine (FED), a pris en compte l'avertissement de Brzezinski et a récemment affirmé que les sanctions imposées à la Russie et les efforts chinois pour renforcer le yuan pourraient affecter l'utilisation internationale du dollar américain comme monnaie de réserve .
« Les tensions géopolitiques croissantes, les sanctions contre la Russie, les efforts de la Chine pour renforcer l'utilisation du renminbi [yuan] et la fragmentation économique peuvent tous affecter l'utilisation internationale du dollar, de manière plus visible comme réserve de valeur et se refléter dans son utilisation comme devise officielle de réserve », a déclaré Waller.
Le membre de la FED a ajouté que les facteurs énumérés pourraient également avoir un impact sur le rôle du dollar américain en tant que moyen d'échange, y compris son utilisation dans les transactions commerciales, bancaires mondiales et de change.
En effet, les sanctions américaines non seulement n’ont pas réussi à effondrer économiquement la Russie ni à empêcher l’approvisionnement en produits essentiels, mais elles ont également eu un effet de boomerang et ont accéléré la dédollarisation de l’économie mondiale. La Russie ayant déjà subi l’essentiel des dégâts causés par les sanctions au cours des premiers mois de leur introduction, aucune nouvelle sanction ne peut être introduite aujourd’hui qui pourrait ruiner économiquement le pays.
Pourtant, malgré cette réalité, Washington insiste pour maintenir sa politique agressive contre Moscou, même si cela ne sert à rien.
Et Sachs, en parlant à Tucker Carlson, est évidemment frustré par cette politique imprudente : « Je suis assez vieux pour me souvenir du Vietnam. Je suis assez vieux pour me souvenir de la tentative de renversement de Bachar al-Assad. Je suis assez vieux pour me souvenir de la Libye. Je suis assez vieux pour me souvenir de l'Afghanistan. On se trompe sans arrêt. Ce que nous faisons n'est pas intelligent.»
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