Notre-Dame de Paris : Après cinq ans de travaux financés par une fraternité de milliardaires, la cathédrale rouvre ses portes.

Une cérémonie au millimètre où tout le monde s’est disputé les clefs.

La tour Eiffel fut envisagée. Il y avait le précédent très réussi des tours du 11-Septembre, mais la France n’ayant pas les moyens de l’Amérique, il fallait trouver un autre monument. Après maintes réflexions, Notre-Dame de Paris fut choisie. Aussitôt dit, aussitôt fait. Tel un diable dans un bénitier, le meneur de jeu du chantier se démena. Cinq ans après l’incendie, le miracle était éclatant : la cathédrale était sauvée par la République et, par la même occasion, la République l’était par l’action du Saint-Esprit. Le peuple, très certainement subjugué, n’avait plus qu’à applaudir.

Partie de ping-pong avec le diocèse

Maintes mises en demeure ont été échangées entre une association de citoyens et le diocèse à propos d’une loi obsolète séparant l’Église et l’État. Le discours à l’intérieur serait-il celui d’un chef de chantier ou d’un président ? Le président devait-il discourir sur le parvis ou à l’intérieur de la cathédrale ? Après injonction d’huissier, la réponse a été : sur le parvis. Mais le président rechigne et veut quand même faire son discours dedans. Et hop ! encore un papier d’huissier. Alors, le chef de l’État fera seulement un tout petit discours à l’intérieur, mais filmé pour être retransmis à l’extérieur. Et puis, pour être grand vainqueur de l’affrontement, il en fera même un autre, en plus, à l’extérieur. Et, pour la nef, qui a les clefs ? L’archevêque ou le président ? Qui frappera les trois coups ? Le représentant de la Sainte Trinité ou le DJ républicain ? La nef est-elle un dancefloor ou un lieu de recueillement ? Que de cheveux coupés en quatre dans un pays où la séparation entre exécutif et législatif appartient à des temps révolus !
La volonté divine, pour venir en aide à Jupiter, a envoyé sur Paris la tempête Darragh ou Dagda, nom du dieu des enfers dans la mythologie celtique. Ainsi, pluie et rafales ont-ils balayé toutes ces pénibles disputes de préséance. Le discours présidentiel a donc pu avoir lieu à l’intérieur.

Mobilisation policière

L’après-midi du 7 décembre, touristes et curieux ont été filtrés le long des quais entourés de barrières : passage au compte-goutte après examen attentif des sacs et fouille au corps, puis deuxième barrage filtrant encore plus rigoureux avec palpation, fouille des poches et même du bonnet ! Tout cela, selon Le Monde, « dans le calme, la bonne humeur, la fraternité et la sororité ». Il fallait bien cela pour protéger le couple présidentiel, Trump, Zelensky et la quarantaine de chefs d’État ou de gouvernement d’Europe et d’Afrique invités à s’ébaubir face à la splendeur de Notre-Dame plus belle et surtout plus propre.

Très chic

La cour et ses financiers ont été largement représentés. William, prince de Galles, a parfaitement remplacé son père Charles III, en n’accordant pas de baise-main à Brigitte. Juste une simple poignée de main. L’archevêque de Paris, 170 évêques, des centaines de diacres, prêtres et chanoine, étaient habillé en Castelbajac.
Mgr Ulrich, en ouvrant les portes, a prononcé ces paroles rituelles : « Notre-Dame ouvre tes portes dans la joie pour rassembler les enfants de Dieu dispersés ». La foule huppée ne l’avait pourtant pas attendu pour s’installer commodément dans la nef. Sans doute ne faisait-elle pas partie des « enfants de Dieu ». Seul le couple présidentiel et la maire de Paris l’ont courtoisement suivi. Le spectacle pouvait commencer.

Homélie présidentielle

Des chœurs, un brin de musique classique, ont précédé l’homélie du président. On la résume. Le président a exprimé sa joie d’entendre les cloches de Notre-Dame sonner à nouveau, comme pour onze rois de France. Dans un bel effort d’imagination, il a évoqué les étudiants descendus de la montagne… Sainte Geneviève et les chameliers descendus de leurs bêtes pour prier le long du Niger à l’annonce de l’incendie. A propos des causes du feu, il a énuméré : le vent d’Est qui s’est levé, l’enchaînement de malchances et de coïncidences, le hasard, le destin et, clin d’œil aux pervers, la Providence…

Fraternité de milliardaires

« Nous avons décidé [NDLR : ce « nous » de majesté peut être traduit par « J’ai décidé »] de rebâtir Notre-Dame de Paris plus belle encore en cinq années grâce à la fraternité de tous ceux qui ont donné. » La caméra (Le Média en 4-4-2 n’était pas invité à la cérémonie, faut-il le préciser ?) se dirige alors vers une affiche qui rend hommage à la générosité de M. Bernard Arnaud et sa famille, Mme Françoise Bettencourt Meyers et sa famille, M. François Pinault et sa famille, L’Oréal, LVMH et la Fondation TotalEnergies, Axa, BNP Paribas, M. Martin Bouygues, Le Groupe Banques Populaires, Caisses d’Epargne, Natixis et la Banque Palatine, La fondation Crédit agricole, la famille Decaux, Stellantis, Sanofi, Société Générale, Walt Disney, etc. Le discours a pris fin par un hommage aux artisans, pour laisser place à une procession liturgique. Après de chaleureux applaudissements, le show était terminé.

Selon divers sondages, Emmanuel Macron ne trouve grâce qu’auprès de 23 % des Français, le niveau le plus bas depuis le début de l’année. Les 77 % de mécontents étant de purs irresponsables — Macron le leur a bien dit, le 5 décembre, après la démission de Michel Barnier — ils n’ont pas été invités à Notre-Dame ni à la réception qui a suivi à l’Élysée.

Rechercher dans ce blog

lezarceleurs