Les enfants palestiniens détenus par Israël
Un accord a été annoncé mercredi sur une libération d’otages retenus dans la bande de Gaza en échange de celle de prisonniers palestiniens dans le cadre d’une trêve dans la guerre actuelle.
Quelque 240 personnes ont été enlevées et emmenées dans la bande de Gaza lors de l’attaque inédite menée le 7 octobre sur le sol israélien par le Hamas.
La campagne de bombardements et l’offensive terrestre menées en représailles par Israël ont tué plus de 14 000 Palestiniens, dont au moins 5 840 enfants. Environ 1 200 personnes ont perdu la vie en Israël le 7 octobre.
Selon les termes de l’accord, « 50 femmes et enfants de moins de 19 ans » otages dans la bande de Gaza seront libérés en contrepartie de la libération de 150 prisonniers palestiniens, des femmes et des jeunes de moins de 19 ans, a déclaré le Hamas.
Israël a diffusé une liste de 300 prisonniers : 33 femmes, 123 enfants de moins de 18 ans et 144 jeunes d’environ 18 ans, susceptibles d’être libérés par phases.
La rapporteuse spéciale de l’ONU, Francesca Albanese, a appelé le 20 octobre dernier à la protection des enfants détenus en Israël. Dans un rapport présenté à l’Assemblée générale des Nations unies, elle a indiqué que le sort des enfants palestiniens – qui ont été pris pour cible, mutilés et sont devenus orphelins sous l’occupation israélienne – s’était aggravé en raison de l’offensive israélienne en cours à Gaza et en Cisjordanie occupée.
Alors que l’enlèvement de mineurs par le Hamas le 7 octobre a été particulièrement commenté dans les médias et au sein de la classe politique à travers le monde, la difficile situation des enfants palestiniens détenus par Israël a peu été évoquée.
Middle East Eye examine ici certaines statistiques relatives à la détention d’enfants palestiniens par Israël :
Des centaines de mineurs en prison
Selon les chiffres du Service pénitentiaire israélien (IPS), en septembre 2023, 146 mineurs palestiniens étaient détenus pour des raisons de « sécurité ».
L’ONG israélienne de défense des droits de l’homme B’tselem souligne toutefois que les chiffres de l’IPS publiés depuis octobre 2020 excluent les personnes arbitrairement détenues dans des prisons militaires.
Defence for Children International-Palestine (DCIP) estime qu’en moyenne, 500 à 700 enfants sont détenus par les forces israéliennes chaque année.
Depuis 2000, quelque 13 000 mineurs ont été détenus arbitrairement, soumis à des interrogatoires, jugés par des tribunaux militaires et emprisonnés. Des milliers d’autres ont été arrêtés avant cette date, y compris pendant la première Intifada.
Mauvais traitements « institutionnalisés »
Un rapport de 2013 du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) concluait que les mauvais traitements infligés aux enfants palestiniens détenus dans les prisons militaires israélienne étaient « généralisés, systématiques et institutionnalisés tout au long du processus ».
Une étude de Save the Children publiée en juillet a révélé que les mineurs palestiniens détenus en Israël étaient victimes de mauvais traitements d’ordre physique, émotionnel et sexuel.
Quelque 86 % ont déclaré avoir été battus, 69 % soumis à une fouille à nu et près de la moitié ont été blessés au moment de leur arrestation, parfois par balle, certains souffrant de fractures osseuses.
Selon une étude de DCIP, basée sur les témoignages de 766 enfants détenus par l’armée israélienne entre le 1er janvier 2016 et le 31 décembre 2022, 59 % disent avoir été arrêtés de nuit, 97 % ont déclaré avoir eu les mains liées et 86 % les yeux bandés.
Les enfants ont raconté avoir été interrogés dans des lieux inconnus, sans la présence d’un parent ou d’un avocat, et souvent privés de nourriture et d’eau.
Ils ont souvent fait des aveux après avoir été insultés, menacés et avoir subi des violences physiques et psychologiques.
Procès militaires
Israël est le seul pays à poursuivre systématiquement les mineurs devant des tribunaux militaires, lesquels acceptent fréquemment des aveux obtenus sous la contrainte.
On estime que 500 à 700 enfants palestiniens, certains âgés d’à peine 12 ans, sont jugés chaque année par des tribunaux militaires israéliens. L’accusation la plus courante est le jet de pierres, qui est passible d’une peine de vingt ans de prison.
DCIP a également documenté le placement « routinier » de mineurs palestiniens en isolement cellulaire.
En 1991, Israël a ratifié la Convention internationale des droits de l’enfant, qui stipule que ceux-ci ne doivent être détenus qu’en dernier recours.
Toutefois, une série de changements politiques ont créé des vides juridiques qui permettent aux autorités israéliennes d’emprisonner les enfants.
En août 2016, Israël a modifié une loi qui stipulait que les enfants de moins de 14 ans ne pouvaient être tenus pénalement responsables, afin d’accuser Ahmed Manasra, 13 ans au moment de son arrestation, de tentative de meurtre.
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Le bruit des bombes fait hurler les enfants 15/10/23
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