Un certain entêtement français : les violences en Nouvelle-Calédonie

De : https://dissidentvoice.org/2024/05/a-certain-french-stubbornness-violence-in-new-caledonia/



Le Français Emmanuel Macron peut parfois se montrer en contradiction avec la lugubre et résistante habitude  de la politique. Capable d’intégrer diverses bribes de réflexion philosophique dans un discours, à cheval sur les hauts et les bas d’un discours rhétorique, son sens politique l’a parfois abandonné.

Rien n'en est plus évident que son traitement de la Nouvelle-Calédonie, territoire français du Pacifique annexé en 1853 et assumant le titre de territoire non autonome en 1946. Grâce à ses relations tendues avec la France et les colons français, le territoire insulaire a été en proie à des explosions périodiques de violence et à l’indignation des autochtones. Les partis indépendantistes tels que l'Union Calédonienne ont vu leurs dirigeants assassinés au fil du temps – Pierre Declerq et Eloi Machoro, par exemple, ont été considérés comme suffisamment menaçants pour le statu quo français et ont été dûment supprimés. Les militants indépendantistes kanak ont ​​été massacrés lors d'affrontements tels que le massacre de Hienghène en décembre 1984, où dix ont été tués par des loyalistes français des familles Lapetite et Mitride.

Pour Macron, la Nouvelle-Calédonie devait toujours s'intégrer au cœur des efforts visant à affirmer l’influence française dans l’Indo-Pacifique. En 2018, il s’est rendu sur le territoire en promettant que ce serait un élément essentiel d’une « stratégie plus large » dans la région, notamment pour suivre le rythme de la Chine. D’autres considérations traditionnelles sont également présentes. L'île est le quatrième producteur mondial de nickel, essentiel pour les batteries des véhicules électriques.

En juillet 2023, Macron déclarait lors d’une visite sur le territoire que le processus esquissé dans l’accord de Nouméa de 1998 avait atteint son terme. Les accords, conçus comme un moyen de parvenir à un terrain d'entente entre les Kanaks autochtones et les descendants des colons français grâce au rééquilibrage , ont donné lieu à trois référendums sur la question de l'indépendance, tous favorables au statu quo. En 2018, le mouvement indépendantiste a obtenu 43 % des voix. En 2020, ce chiffre était passé à 47 %.

Le dernier des trois, le référendum de décembre 2021, a été controversé, compte tenu de son boycott par le peuple kanak. La situation a été favorisée, en grande partie, par les effets du Covid-19 et l’incapacité générale des électeurs kanak. Toute campagne de mobilisation a été contrecarrée. Une majorité magique pour l’indépendance a ainsi été évitée. Le retour de 97 % en faveur du maintien de la domination française, bien qu’il s’agisse clairement d’une distorsion, est devenu la prémisse intimidante pour conclure les affaires.

Le processus a enhardi le président français, abandonnant de fait un consensus politique français remontant aux accords de Matignon de 1988. Alors que le mouvement indépendantiste semblait gelé, Macron pourrait faire valoir son avantage grâce à des réformes politiques qui permettraient, par exemple, de débloquer les listes électorales. pour les élections de mai 2024 aux niveaux provincial et parlementaire. Cela permettrait aux ressortissants français de voter à ces élections, ce qui leur était interdit en vertu de l’Accord de Nouméa. Les parlementaires calédoniens comme Nicolas Metzdorf approuvent chaleureusement la mesure.

Le 13 mai, des émeutes ont éclaté, faisant jusqu'à sept morts. Cela a le goût d’une insurrection, non planifiée et non coordonnée par le groupe indépendantiste traditionnel. Des barrages routiers ont été érigés par la Cellule de coordination des actions sur le terrain (CCAT). Elle avait été précédée de manifestations pacifiques en réponse aux délibérations de l'Assemblée nationale française concernant un arrangement constitutionnel qui gonflerait le fichier électoral du territoire d'environ 24 500 électeurs.

Une grande partie de la violence, stimulée par des inégalités pressantes et propulsée par des manifestants plus jeunes, a pris l’establishment politique au dépourvu. Même les dirigeants indépendantistes kanak ont ​​exhorté ces manifestants à résister au recours à la violence en faveur de discussions politiques. Il semblerait que les jeunes volent la vedette.

Macron, pour sa part, a rapidement dépêché plus de 3 000 agents de sécurité et effectué une visite précipitée d’à peine 18 heures, insistant sur le fait que « le retour à l’ordre républicain est la priorité ». Les différents manifestants kanak sont loin d'être impressionnés. Le porte-parole du FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste), Jimmy Naouna, a fait valoir que « vous ne pouvez pas continuer à envoyer des troupes juste pour réprimer les manifestations, car cela ne fera que conduire à davantage de violences ». » Pour panser les blessures, le président a promis de lever l'état d'urgence imposé sur l'île afin d'encourager le dialogue entre les parties divisées.

La presse occidentale a souvent préféré ignorer les moindres détails de la dernière révolte, se concentrant plutôt sur le sort des ressortissants étrangers assiégés par les pitreries de sauvages désespérés. Certains vieux thèmes ne se dissipent jamais. "Nous sommes terrés sur place parce qu'il est largement trop dangereux de partir", a déclaré à CNN l'Australien Maxwell Winchester. « Nous avons eu des barricades, des émeutes… des magasins pillés, incendiés. Notre banlieue près de chez nous n’a pratiquement plus rien.

Winchester décrit une scène de désespoir, avec des évacuations de ressortissants étrangers bloquées en raison de l'arrivée de Macron pour les négociations. La nourriture manque, tout comme les médicaments. "D'autres Australiens bloqués ont dû récupérer des noix de coco pour manger."

René Dosière, figure importante à l'origine de l'Accord de Nouméa, a défini avec une précision acidulée la position prise par Macron. La nostalgie, à certains égards encore plus tenace que celle de la Grande-Bretagne, demeure. Le président français ne s’intéressait guère au territoire au-delà de son statut d’« ancienne colonie ». Il s’agissait d’une « envie d’avoir un territoire qui permette de dire : “Le soleil ne se couche jamais sur l’empire français” ».

Pour la population indigène kanak, le sort de la Nouvelle-Calédonie aura moins à voir avec la quête de noix de coco et le soleil d'un empire chancelant qu'avec des réformes électorales qui risquent d'éteindre les voix de l'indépendance.

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