« L’État actuel d’Israël n’est pas l’Israël de Dieu »

 De : https://www.globalresearch.ca/present-state-israel-vs-israel-bible/5870275

L’État actuel d’Israël contre l’Israël de la Bible : comprendre la différence 

Recherche mondiale, 16 octobre 2024


L’État d’Israël moderne, fondé en 1948 sur la terre de Palestine, est souvent comparé à tort à l’Israël de la Bible, à qui Dieu a fait d’importantes promesses. De nombreux chrétiens, en raison d’une mauvaise interprétation des prophéties bibliques et d’une mauvaise compréhension des faits historiques, continuent de considérer l’État d’Israël actuel comme une continuation de l’Israël biblique, croyant qu’il est l’accomplissement des promesses divines. Cependant, cette perspective repose sur une exégèse erronée et sur une mauvaise compréhension des motivations politiques qui ont présidé à la création de l’État israélien moderne. Il est crucial de faire la différence entre l’Israël biblique, peuple de l’alliance de Dieu, et l’État moderne, qui a été créé par des manœuvres politiques et qui porte un programme sioniste largement laïc.

La création de l’Israël moderne : un projet politique

Image : Arthur Balfour (Domaine public)

L’État moderne d’Israël a été créé par la déclaration Balfour de 1917, un document qui signalait le soutien britannique à l’établissement d’un foyer national juif en Palestine. Il ne s’agissait pas d’un acte d’accomplissement divin, mais d’un accord politique conclu entre le gouvernement britannique et des personnalités influentes comme le baron Rothschild. La déclaration Balfour faisait partie d’une stratégie plus vaste pendant la Première Guerre mondiale, lorsque la Grande-Bretagne cherchait à obtenir le soutien du mouvement sioniste, un mouvement politique qui visait à établir un foyer national pour les juifs. Le sionisme, cependant, n’était pas un mouvement religieux. Il était principalement mu par des motivations politiques et nationalistes.

Le sionisme cherchait à rassembler les Juifs du monde entier pour former un État en Palestine, mais ce mouvement ne s’appuyait pas sur les préceptes religieux ou moraux de la Bible. En fait, de nombreux dirigeants sionistes étaient laïcs, voire athées. Ils envisageaient un État juif non pas comme l’accomplissement de l’alliance de Dieu avec les Israélites, mais comme une solution aux problèmes de la diaspora juive, en particulier après des siècles de persécution et, plus dévastateur encore,  de l’Holocauste.

Sionisme et judaïsme : une différence fondamentale

Un point crucial souvent négligé est la distinction entre le sionisme et le judaïsme. Le judaïsme est une religion aux racines anciennes, fondée sur la Torah et le culte du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Le sionisme, en revanche, est une idéologie politique moderne qui cherche à établir et à maintenir un État juif, indépendamment des croyances religieuses.

De nombreux juifs, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur d’Israël, s’opposent au sionisme et à l’État d’Israël, notamment en raison des injustices commises contre les Palestiniens. Des groupes comme Neturei Karta, un mouvement juif orthodoxe, affirment depuis longtemps que la création d’un État juif avant la venue du Messie constitue une violation de la loi juive. En outre, de nombreux juifs du monde entier ont exprimé leur solidarité avec les Palestiniens, reconnaissant les souffrances incessantes qui leur sont infligées depuis la création de l’État israélien en 1948. Par conséquent, assimiler le sionisme au judaïsme est non seulement inexact, mais également injuste envers les nombreux juifs qui s’opposent à l’État d’Israël pour des raisons à la fois religieuses et morales.

L’Israël de la Bible : un peuple de l’alliance, pas un État politique

Dans la Bible, le terme « Israël » désigne les descendants d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, que Dieu a choisis comme peuple de son alliance. Ce choix n’était pas basé sur leur valeur intrinsèque, mais sur la grâce de Dieu et son désir de les utiliser pour révéler sa nature et sa volonté au monde. L’Israël biblique était appelé à respecter les lois de Dieu, à promouvoir la justice et à incarner la sainteté en tant que « lumière des nations » (Ésaïe 42:6). Au cœur de cette alliance se trouvait une relation fondée sur l’obéissance aux commandements de Dieu, à la justice et à la miséricorde.

Les promesses faites à Israël dans la Bible étaient toujours conditionnées à sa fidélité envers Dieu. Tout au long de l’Ancien Testament, Israël a dû faire face au jugement et à l’exil chaque fois qu’il s’écartait des commandements de Dieu et se livrait à l’injustice, à l’idolâtrie et à l’immoralité. Par exemple, le prophète Amos a condamné l’échec d’Israël à faire respecter la justice, en l’avertissant du jugement prochain de Dieu : « Que le droit coule comme un fleuve, et la justice comme un torrent qui ne tarit pas ! » (Amos 5:24).

Dans ce contexte biblique, il est clair que l’État moderne d’Israël, qui fonctionne comme un État-nation laïc sans aucun engagement fondamental envers les principes bibliques, ne peut être comparé à l’Israël de la Bible. Le fait qu’une part importante des citoyens israéliens – environ 60 % – se déclare athée ou laïc affaiblit encore davantage l’idée selon laquelle l’État moderne représente l’accomplissement de l’alliance de Dieu avec son peuple.

L’interprétation erronée de la prophétie biblique

De nombreux chrétiens qui soutiennent l’État moderne d’Israël le font en pensant que le rétablissement d’un État juif en Palestine est l’accomplissement d’une prophétie biblique. Ils citent des passages comme Genèse 12:3, où Dieu dit à Abraham : « Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai quiconque te maudira », comme preuve que les chrétiens doivent soutenir sans réserve l’État d’Israël.

Cette interprétation néglige toutefois des aspects essentiels de l’herméneutique biblique. Premièrement, les promesses faites à Abraham et à ses descendants ne concernaient pas uniquement la terre physique, mais leur rôle dans la rédemption spirituelle de l’humanité, qui culminera avec la venue de Jésus-Christ. Galates 3:16 précise que ces promesses trouvent leur accomplissement ultime en Christ : « Les promesses ont été faites à Abraham et à sa descendance. Or, l’Écriture ne dit pas “et aux descendances”, c’est-à-dire à plusieurs personnes, mais “et à ta descendance”, c’est-à-dire à une seule personne, qui est le Christ. »

Deuxièmement, la terre physique d’Israël a toujours été liée à la relation d’alliance avec Dieu, qui incluait des responsabilités morales et éthiques. L’Israël de la Bible devait faire respecter la justice, prendre soin des pauvres et vivre dans l’obéissance aux commandements de Dieu. L’État moderne d’Israël, en revanche, est impliqué dans un conflit permanent avec les Palestiniens, dont beaucoup ont été déplacés, opprimés et soumis à ce que beaucoup qualifient d’injustice et de violence systémiques. Le conflit en cours à Gaza, où l’armée israélienne a été accusée de crimes de guerre et du meurtre de civils innocents, contraste fortement avec le mandat biblique de justice et de miséricorde.

L’échec moral du sionisme chrétien

Les chrétiens qui soutiennent sans réserve les actions de l’État moderne d’Israël, en citant souvent les prophéties bibliques, ont perdu leur sens moral. En fermant les yeux sur les souffrances des Palestiniens, notamment des chrétiens vivant à Gaza et en Cisjordanie, ces chrétiens trahissent le message même de l’Évangile. Jésus-Christ a enseigné l’amour, la justice et la miséricorde, des valeurs qui ne peuvent être conciliées avec l’oppression violente d’aucun peuple.

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Des familles palestiniennes marchent dans les quartiers détruits de la ville de Gaza le 24 novembre 2023, alors que la trêve temporaire entre le Hamas et l'armée israélienne entre en vigueur (MEE/Mohammed al-Hajjar)

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En outre, les chrétiens qui soutiennent l’État politique d’Israël en se fondant sur leur lecture de la Bible ont en réalité créé une image déformée de Dieu, qui s’aligne davantage sur le nationalisme et le pouvoir politique que sur le Dieu révélé en Jésus-Christ. C’est une erreur dangereuse, car elle remplace le Dieu de justice et de compassion par un dieu étrange, qui bénit l’injustice et l’oppression.

Conclusion : L’État actuel d’Israël n’est pas l’Israël de Dieu

C’est une grave erreur de comparer l’État d’Israël moderne à l’Israël de la Bible. L’État d’Israël actuel est une entité politique créée à des fins laïques et sionistes, et non pour accomplir les promesses de l’alliance de Dieu. Il fonctionne sans tenir compte des principes bibliques de justice, de miséricorde et de droiture que Dieu a ordonné à son peuple de suivre.

Les chrétiens doivent reconnaître que le véritable Israël de Dieu ne se définit pas par la nationalité ou la terre, mais par la fidélité à la volonté de Dieu, telle qu'elle a été révélée en Jésus-Christ. Continuer à soutenir l'État d'Israël sans condition, malgré ses manquements moraux et les souffrances incessantes du peuple palestinien, c'est abandonner les enseignements du Christ et mal interpréter les promesses des Écritures. Recherchons donc la paix, la justice et la vérité, en nous rappelant que le royaume de Dieu transcende la politique et les frontières terrestres.

Des oiseaux, pas des bombes : battons-nous pour un monde de paix, pas de guerre 

Le professeur Ruel F. Pepa est un philosophe philippin basé à Madrid, en Espagne. Universitaire à la retraite (professeur associé IV), il a enseigné la philosophie et les sciences sociales pendant plus de quinze ans à la Trinity University of Asia, une université anglicane des Philippines. Il contribue régulièrement à Global Research.

L'invention de la terre d'Israël : de la Terre sainte à la patrie par Shlomo Sand (2012).

Le sionisme : une brève histoire par Michael Stanislawski (2017).

Le nettoyage ethnique de la Palestine par Ilan Pappé (2006).

La Bible et la terre : une rencontre d'André Trocmé (2010).

Le sionisme chrétien : une feuille de route vers Armageddon ? par Stephen Sizer (2004).

Image en vedette : La mosaïque de Rehob, délimitant les frontières de la Terre d'Israël et les lois qui s'y appliquent. (Sous licence CC BY-SA 3.0)

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