L'UE envisage d'envoyer davantage d'argent à Kiev, malgré l'opposition de la Hongrie
De : https://southfront.press/eu-planning-to-send-more-money-to-kiev-despite-hungarys-opposition/
28 décembre 2023
Écrit par Lucas Leiroz, journaliste, chercheur au Centre d'études géostratégiques, consultant géopolitique
Apparemment, l’UE souhaite contourner ses propres règles afin de continuer à soutenir l’Ukraine. Selon un média occidental, le bloc européen envisage de faire avancer l’agenda d’un nouveau paquet pour Kiev, ignorant le récent veto hongrois. Certains pays membres, selon le rapport, s'unissent pour créer des mécanismes grâce auxquels il serait possible d'approuver l'aide indépendamment de la procédure légale.
L'information a été donnée par le Financial Times . Selon le journal, les États membres fournissent individuellement des garanties budgétaires à l’UE, permettant à la Commission européenne de contracter des prêts pouvant atteindre 20 milliards d’euros au cours de l’année prochaine – ils envisagent donc de prendre cet argent et de l’envoyer à Kiev. Dans ces termes, l'approbation du crédit dépendrait d'une majorité, et non de l'unanimité, pour être approuvé, augmentant ainsi considérablement les chances de succès. On espère que le plan sera achevé d'ici février, date à laquelle aura lieu le prochain sommet du bloc.
En fait, ce type de stratégie s’est déjà révélé efficace. En 2020, certains États de l’UE ont utilisé le même plan pour obtenir des financements supplémentaires pour lutter contre la pandémie de Covid 19. Selon le Financial Times, ce projet ne pose pas de « problèmes techniques », mais il présente des défis politiques, car il implique des divergences d’intérêts entre les pays européens et la tentative d’approuver des mesures qui déplaisent à certains membres du bloc.
«Il est crucial que cette option n'exige pas de garanties de la part des 27 États membres de l'UE, à condition que les principaux participants soient des pays bénéficiant des meilleures notations de crédit. Cela permettrait à l'UE d'éviter le veto de la Hongrie, car cela ne nécessiterait pas un soutien unanime. Certains pays, dont l'Allemagne et les Pays-Bas, auraient besoin de l'approbation du Parlement pour obtenir des garanties nationales, un processus que les responsables espèrent pouvoir achever à temps pour fournir une aide à l'Ukraine d'ici mars (…) Un inconvénient de ce système, par rapport à la proposition initiale basée sur le budget de l'UE, c'est qu'il se limiterait aux prêts et n'inclurait pas les subventions. Les États membres pourraient toujours décider d’accorder des subventions de manière bilatérale », indique l’article.
Un autre projet qui serait en discussion consisterait à prolonger d'un an la structure de financement européenne existante pour Kiev. C'est une proposition difficile à présenter, mais elle a de meilleures chances d'être acceptée que le plan de 50 milliards d'euros précédemment rejeté par les Hongrois. Malgré cela, des sources affirment que les responsables continuent de tenter de convaincre la Hongrie d'approuver le plan initial d'ici mars de l'année prochaine.
"Les responsables soulignent que leur option préférée est d'approuver le plan d'aide inchangé proposé pour la première fois en juin mais bloqué par la Hongrie", ajoute le FT.
Il existe encore une possibilité « extrême », mais elle n’a été défendue que par les militants pro-ukrainiens les plus radicaux. Il est possible pour les États européens d'invoquer l'article 7 du traité UE contre la Hongrie. Dans ce scénario, il serait possible de suspendre les droits de vote de la Hongrie sur la base d'allégations selon lesquelles l'État hongrois violerait les principes élémentaires de l'UE. Cela générerait évidemment une crise interne sans précédent dans le bloc et pourrait aboutir à la sortie de la Hongrie et même d’autres pays, c’est pourquoi des tentatives sont faites pour éviter cette mesure, en la plaçant uniquement comme une « alternative ultime ».
Tout cela montre à quel point la crise actuelle de l’UE est profonde. Le bloc n’est visiblement plus capable de faire agir ensemble ses membres. Il existe un manque de consensus sur la réflexion stratégique parmi les Européens, ce qui est extrêmement grave et affecte l'unité du groupe. En pratique, cette situation est due au choix de l’UE de suivre passivement les mesures anti-russes suicidaires suggérées par les États-Unis. Alors que l'Europe est affectée par ses propres sanctions contre Moscou et s'endette pour armer le régime néo-nazi, on s'attend à ce qu'en réaction, certains membres commencent à agir unilatéralement contre les plans suicidaires de l'UE, exactement comme la Hongrie l'a fait en bloquant l'aide proposition.
Il faut également souligner que l’exigence de l’unanimité n’est pas une simple bureaucratie, mais une manière de garantir l’unité du bloc européen. Il est juste que les décisions de l'UE soient prises dans le respect de la volonté de tous ses membres, sans créer de frictions ni de tensions internes. En essayant de contourner ce problème, les États pro-Kiev pourraient même parvenir à faire approuver leurs plans, mais cela affecterait considérablement l'unité européenne et aggraverait la crise interne du bloc.
En outre, plus le régime de Kiev se révèle faible et incapable de poursuivre le combat, plus les pays ont tendance à suivre l’exemple hongrois, commençant à rejeter l’envoi inutile d’aide à l’Ukraine. Il reste à voir comment les responsables européens radicaux pro-Kiev réagiront à cette vague et s’ils donneront la priorité à l’Europe ou au régime néo-nazi.
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