Le moment de la planification des semis

 De : https://reporterre.net/Tomates-aubergines-salades-comment-reussir-ses-semis?

Tomates, aubergines, salades... Comment réussir ses semis

19 février 2024 

L’hiver est encore là, mais il est déjà temps de planifier vos semis. Emplacement, terreau, patience... Une productrice de semences délivre ses conseils pour réussir ses semis en godets.

Le matin, le soleil baigne de plus en plus tôt votre balcon. Le coin de verdure derrière la maison perd plus vite son voile de gelée matinale. Au potager, le soleil de février commence tout juste à réchauffer la terre. Comme vous l’indique le calendrier de Reporterre, les amandiers sont en train de sortir leurs premières fleurs… Il est temps de penser aux semis !

Rien de plus simple a priori que de mettre quelques graines en terre. Pourtant, elles « ont besoin d’être bichonnées », nous explique Magali Outtier, notre guide du jour. « Je fais mes plants et mes graines depuis vingt-cinq ans », dit-elle. Elle s’est installée dans le Gard en 2020, où elle produit des semences de fleurs, aromatiques et plantes potagères sur sa petite ferme baptisée Terres en vie.

Magali produit des semences de fleurs, aromatiques et plantes potagères sur sa petite ferme baptisée Terres en vie. © David Richard / Reporterre

Faire ses semis permet d’avoir « le plaisir de les voir germer », sourit Magali de ses yeux bleus. C’est aussi plus économique que de les acheter. « Cela permet de sélectionner les plus jolis, poursuit la semencière. Et puis on en a toujours trop, donc cela permet d’en garder un peu au cas où on a un problème au repiquage, de donner, d’échanger avec d’autres jardiniers. »

Autant de bonnes raisons de se lancer. Magali nous explique comment prendre soin de nos jeunes pousses en cinq étapes.

1 – S’organiser

Disposez-vous de deux petites jardinières de balcon ou d’un potager de 500 m² ? Voulez-vous en priorité des aromatiques, des fleurs, des légumes ou un peu de tout ? « Il faut faire un plan de culture, commence notre guide jardinière. C’est ce qui détermine les commandes de graines et le plan de semis. » Pour les graines, il existe de plus en plus de semenciers bio qui reproduisent des variétés libres, comme Magali. Pensez également aux bourses d’échange.

Pour se procurer des graines, il existe plusieurs semenciers bio qui reproduisent des variétés libres, comme Magali. On peut aussi en trouver sur des bourses d’échange. © David Richard / Reporterre

Il faut ensuite semer chaque espèce au bon moment. En ce début février, dans la véranda de Magali, les oignons, les laitues et la mâche ont déjà sorti leurs premières feuilles. Les aubergines, les poivrons et les piments doivent aussi être démarrés tôt pour être prêts à sortir aux beaux jours. Tomates, courges et autres cucurbitacées peuvent, elles, encore attendre mars.

Avec le changement climatique, « vous pouvez étager vos semis », propose Magali. Semer une partie de ses tomates tardivement, et les mettre en terre en décalé, peut — si la météo de l’année vous est favorable — permettre d’avoir des récoltes automnales.

2 – Trouver le bon emplacement

Se pose aussi la délicate question de la place : où mettre ses semis ? Tout le monde n’a pas une serre dans son jardin. Et même dans ce cas, une serre non chauffée ne garantit pas toujours une température suffisante pour toutes les graines. « Les aubergines et les poivrons ont besoin de minimum 18 °C jour et nuit pour germer. La température la nuit est une contrainte », avertit Magali.

Tomates, basilic et courges sont aussi sensibles aux températures, mais peuvent être semés plus tard, à une période où les nuits se sont réchauffées. Elle a ses semis sur des étagères derrière ses baies vitrées plein sud. « C’est idéal », admet-elle. Et même encore, en début de saison, elle rentre les semis la nuit dans sa cuisine, « car la température dans la véranda descend trop ».

Il faut choisir avec attention l’endroit où entreposer ses semis pour qu’ils restent à bonne température. © David Richard / Reporterre

Il faut aussi de la lumière, sinon les jeunes pousses risquent de s’étioler à chercher le soleil. À vous de trouver le lieu idéal : lumineux, pas trop froid la nuit, pas trop sec non plus, sinon il faudrait arroser plusieurs fois par jour.

Emporté par l’enthousiasme, on peut aussi vite avoir envie de multiplier les semis. Pour économiser la place, Magali sème ses aubergines en petites barquettes : 80 dans un rectangle de seulement 10 cm par 20 cm ! Mais attention, ce n’est que provisoire. « Je les repique en godets dès qu’elles ont deux feuilles », dit-elle.

On peut commencer par planter plusieurs semis dans un petit espace, mais il faudra leur laisser de la place pour que leurs racines se développent dès qu’ils commencent à pousser. © David Richard / Reporterre

Il est aussi possible de semer directement en godets, en mettant deux ou trois graines dans chaque, puis en ne gardant que le plus joli plant. À terme, quelle que soit la solution choisie, la règle est de ne pas laisser plus d’un plant par godet : « Ils ont besoin d’espace pour que le système racinaire se développe bien. »

Enfin, côté matériel, Magali privilégie la récup. Cagettes imperméabilisées avec le plastique, des sacs de terreau, barquettes en plastique diverses… Le tout est de penser à percer quelques trous dans le fond pour laisser s’écouler un éventuel excès d’eau.

3 – Choisir son terreau

Semences et barquettes rassemblées, il faut maintenant choisir son terreau. Deux options s’offrent à vous. D’abord, faire son terreau. Il n’y a pas de recette miracle. En gros, « c’est moitié compost mûr, moitié terre du jardin », dit Magali. Ne prenez jamais de compost pur. « Surtout s’il n’est pas assez composté, il brûle les semis et est anti-germinatif. »

Il faut tamiser, « mais pas trop fin, il faut que le terreau garde de la structure pour retenir l’eau ». Pour les motivés et les puristes, « le mieux pour les semis est de faire un compost de feuilles d’arbres caduques. C’est le plus équilibré, mais cela demande vraiment beaucoup de feuilles... »

Le choix du terreau est essentiel pour la bonne pousse des semis. © David Richard / Reporterre

L’autre option est d’acheter le terreau dans le commerce. C’est ce que fait Magali, qui regarde attentivement l’étiquette. D’abord, il faut choisir un terreau pour semis. Ensuite, elle le prend bio, « car il contiendra des engrais organiques, alors que le compost non bio contient des engrais de synthèse ». Et elle essaye d’en trouver sans tourbe.

En effet, les tourbières sont des zones humides, notamment très utiles dans le cycle de l’eau, mettant des centaines d’années, voire des millénaires à se former pour les plus anciennes. C’est donc une matière non renouvelable. Des guides, comme celui de 60 Millions de consommateurs, peuvent vous aider à choisir.

Magali utilise des barquettes recyclées pour préparer ses semis. © David Richard / Reporterre

Attention aussi au stockage : « à l’ombre, à l’abri de la pluie », conseille Magali. Cela permettra qu’il reste légèrement humide et qu’il ne soit pas détrempé non plus. Vous pouvez enfin tester votre terreau : en mettre dans un godet, arroser comme si vous aviez semé, et vérifier en combien de temps il sèche. Si c’est trop rapide (moins d’une journée environ) alors que le printemps n’a pas encore commencé, c’est qu’il y a un souci !

4 – Semer avec délicatesse

Nous voici enfin au cœur du sujet. Magali plonge les mains dans le sac de terreau, l’émiette. Noir, léger et doux au toucher, il ne file pas entre les doigts. On dirait un mélange de terre et de barbe à papa.

« Il faut qu’il soit homogène, mais pas trop, pour que l’eau puisse rentrer et l’air circuler », commente Magali. Elle remplit une barquette aux trois quarts. Tasse « légèrement » ce petit lit douillet. Puis, elle saisit ses lunettes cachées parmi ses boucles grises, les chausse, avant de disposer une à une ses graines d’aubergine. « Je les mets en ligne, car c’est ensuite plus facile de les séparer », commente-t-elle. Rien n’empêche les jardiniers moins méticuleux de préférer un lâcher plus désordonné, « en vrac ».

Magali Outtier fait ses plants et graines depuis vingt-cinq ans. © David Richard / Reporterre

Elle recouvre ensuite les graines de leur couverture noire. Pour évaluer son épaisseur, la règle qu’applique Magali est de mettre « trois fois la longueur de la graine. Puis, on tasse un peu pour que les graines ne partent pas avec l’eau. »

Elle sort un petit arrosoir à bec fin. « Il est parfait pour les plants, mais je le déconseille pour les semis, admet-elle. Il faut bien mouiller, mais pas détremper. » Préférez un arrosoir avec une pomme très fine, ou un petit pulvérisateur à main, idéal pour les fragiles petites graines.

Place à l’arrosage : il faut bien mouiller, mais sans détremper, préconise Magali. © David Richard / Reporterre

Et enfin, « n’oubliez pas l’étiquette ! » rappelle Magali. Elle découpe des rectangles de plastique dans les pots de yaourt. D’une petite écriture précise, au stylo indélébile, elle inscrit la date et la variété.

5 – Être patient et persévérant

Attention, le travail n’est pas terminé ! Certains plants attendent plus de trois mois au chaud avant qu’enfin, il soit temps de les repiquer au jardin. Il faut donc accorder à ses semis quelques minutes d’attention tous les jours. Vérifier que le terreau reste humide, arroser si besoin. Au bout de quelques jours — la durée est variable selon les espèces — vous devriez voir les premières pousses vertes poindre. « Quand toutes les graines lèvent en même temps, c’est bon signe », souligne Magali.

Il faut aussi penser à les transvaser en godets individuels si on les avait semés serrés au départ (utiliser du terreau à semis ou du terreau de repiquage).

Magali nourrit ses plants avec de l’extrait d’ortie fermentée. © David Richard / Reporterre

« Si on voit qu’à un moment les plants n’arrivent plus à grandir, c’est qu’il y a un problème de terreau », souligne aussi notre guide. Il faut alors remplacer le terreau. Ou nourrir les plantes. Magali utilise de l’extrait d’ortie fermenté. Comprenez des orties mises à fermenter dans de l’eau (attention à l’odeur). « Il faut remuer régulièrement, et quand il n’y a plus de bulles c’est que c’est bon. Puis on dilue un dixième d’extrait dans de l’eau. » Elle pulvérise cette solution sur ses plants. « C’est fertilisant, immunitaire, je le fais toujours une fois. »

Quelques semaines plus tard, quand votre salon ou votre véranda ressemblent à une pépinière en pleine production, il est temps de repiquer tout ce beau monde en pleine terre.

Pour les plantes gélives (tomates, basilic, poivrons, aubergines, courgettes...), plus vous vivez au nord ou en altitude, plus il faut être patient. La tradition veut que l’on attende les saints de glace (11, 12 et 13 mai). C’est-à-dire le moment où il n’y a plus de risque de gelées matinales. Mais selon où vous vivez, vous pouvez éventuellement avancer la date. « Ici, je replante quand le sol est chaud. L’an dernier les jardiniers qui ont repiqué mi-avril ont eu de très bons résultats », note Magali.

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