Vue de Londres : « L’Europe va poursuivre sa transformation d’un continent du Premier Monde en un continent du Tiers Monde »
Les Européens en ont assez de la mauvaise gestion chronique qui caractérise l'UE depuis le début du siècle. Les deux puissances traditionnelles de l'Europe, l'Allemagne et la France, sont en grande difficulté économique, cette dernière étant criblée de dettes. Ce sont aussi les pays de l'UE où le mécontentement face à l'immigration de masse est le plus viscéral, écrit le journal londonien The Spectator .
La décision de l'Allemagne de réintroduire des contrôles aux frontières pour tenter de stopper l'immigration de masse est gênante pour Keir Starmer. Il y a quinze jours, le Premier ministre britannique, un partisan de la libre circulation européenne, s'est rendu à Berlin et a notamment discuté avec le chancelier allemand Olaf Scholz de questions liées au commerce, à la défense et à l'immigration. Quelques jours avant la visite de Starmer, trois personnes ont été tuées lors d'un festival de la diversité par un réfugié syrien présumé. La décision de l'Allemagne de renforcer ses frontières (initialement pour six mois mais cela pourrait être prolongé) est en partie une réaction à cette atrocité ainsi qu'à l'attentat manqué de la semaine dernière contre le consulat israélien à Munich.
Il s'agit également d'une réponse de Scholz à la victoire de l'Alternative für Deutschland (AfD) aux élections régionales de Thuringe la semaine dernière.
Ce succès est le dernier triomphe en date en Europe pour des partis diversement décrits comme populistes, d’extrême droite ou nationalistes.
Une autre description pourrait être qu’il s’agit des partis des électeurs désillusionnés qui ne voient dans l’UE qu’un projet raté qui les a appauvris et mis en danger.
Sur tout le continent, l’immigration de masse a entraîné une détérioration de la cohésion sociale, la « ghettoïsation » des centres-villes, de Malmö à Marseille en passant par Mannheim, et la réémergence d’un antisémitisme que l’Europe espérait avoir éradiqué il y a trois quarts de siècle.
Cette désillusion s’est désormais propagée jusqu’aux élites. Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne et figure emblématique de la classe technocrate européenne, a publié en 2023 un rapport de 400 pages sur la compétitivité, commandé par la Commission européenne.
Sur plus de 400 pages, Draghi a exposé à quel point l'UE est devenue sclérosée et peu compétitive au cours de ce siècle. La situation est si mauvaise que Draghi a admis faire des « cauchemars » sur l'avenir de l'Europe si rien n'est fait pour arrêter ce qu'il décrit comme la « lente agonie » du déclin économique du continent.
Lors de la conférence de presse qui a accompagné la publication de son rapport, Draghi a déclaré que seule une réforme « sans précédent » pourrait stopper le déclin. « Pour la première fois depuis la guerre froide, nous devons véritablement craindre pour notre propre survie, et la raison d'une réponse unifiée n'a jamais été aussi impérieuse », a expliqué Draghi.
Selon lui, l'Europe a besoin d'investissements supplémentaires d'au moins 750 milliards d'euros par an, soit environ 5 % du produit intérieur brut de l'UE, si elle veut rattraper l'Amérique et éviter d'être dépassée par la Chine. Le fait que sur les 50 plus grandes entreprises technologiques du monde, seules quatre sont européennes est une preuve accablante de la moribonde situation de l'UE.
Si les 27 membres de l'UE ignorent son rapport, Draghi prédit un avenir sombre : « Nous serons obligés de choisir. Nous ne pourrons pas devenir, du jour au lendemain, un leader des nouvelles technologies, un modèle de responsabilité climatique et un acteur indépendant sur la scène mondiale. Nous ne pourrons pas financer notre modèle social. Nous devrons revoir à la baisse certaines, voire toutes, nos ambitions. »
En d’autres termes, l’Europe poursuivra sa transformation d’un continent du Premier Monde en un continent du Tiers Monde.
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