Les pales sont à l'arrêt : l'industrie éolienne est tenue responsable de la mort d'un aigle royal
20 avril 2025
La récente fermeture du parc éolien de Bernagues, dans l'Hérault, marque une prise de conscience, attendue depuis longtemps, des effets néfastes de l'énergie éolienne sur la faune sauvage, en particulier sur les rapaces comme l'aigle royal. Le 9 avril 2025, un tribunal français a ordonné la cessation complète de l'exploitation du site pendant un an, suite à la mort confirmée d'un aigle royal, une espèce protégée, entré en collision avec l'une des pales de l'éolienne du parc en janvier 2023. La décision a également infligé à Énergie Renouvelable du Languedoc (ERL), l'exploitant du parc, une amende de 200 000 €, dont la moitié avec sursis, et une amende supplémentaire de 40 000 € au dirigeant de l'entreprise.

Il ne s'agit pas d'une simple réaction judiciaire ponctuelle. Elle représente un bouleversement radical dans la manière dont le système juridique français – et peut-être le grand public – commence à affronter la réalité dérangeante des dommages collatéraux de l'énergie éolienne. Malgré l'orthodoxie écologiste qui entoure les énergies renouvelables, les éoliennes tuent des oiseaux. Et pas n'importe lesquels. Dans ce cas précis, la victime était le mâle reproducteur d'un couple d'aigles royaux qui avait niché à seulement trois kilomètres du site de l'éolienne, une distance bien au-delà des zones tampons de perturbations habituellement utilisées pour la protection de la faune sauvage.
Les groupes environnementaux ont salué la décision du tribunal comme une victoire, mais les implications sont bien plus profondes. Pendant des années, la mort d'oiseaux causée par les éoliennes a été ignorée, minimisée ou écartée, considérée comme un compromis regrettable mais tolérable dans la course vers la « neutralité carbone ». Mais l'affaire Bernagues brise cette illusion. Dans ce cas, un seul incident a eu suffisamment de poids juridique pour interrompre la production d'énergie pendant un an – un aveu implicite que les risques pour les espèces protégées pourraient l'emporter sur les prétendus avantages de l'énergie éolienne.
Et ce n'est pas un cas isolé. Un autre parc éolien français, celui d'Aumelas, a également été condamné à suspendre son activité deux jours plus tôt, et EDF Renouvelables a été condamné à une amende de 5 millions d'euros. Si l'on ajoute à cela l'arrêt de décembre 2023 de la cour d'appel de Nîmes ordonnant la démolition du parc éolien de Bernagues pour défaut de permis de construire valide, un schéma se dessine : le secteur des énergies renouvelables, longtemps à l'abri des regards, subit désormais les conséquences attendues depuis longtemps.
Qu'est-ce qui change ? En partie, une reconnaissance croissante, appuyée par la recherche, que les parcs éoliens ne sont pas aussi inoffensifs que le suggèrent leurs équipes de communication. Deux études récentes soulignent la menace plus large qui pèse sur les aigles royaux. L'une, publiée dans Ecological Applications , montre que la mortalité annuelle dépasse déjà le seuil que les populations d'aigles peuvent supporter. Une autre, publiée dans Biological Conservation , observe une augmentation des décès d'aigles liés aux éoliennes dans l'ouest des États-Unis, de 110 en 2013 à 270 en 2024. Il ne s'agit pas d'erreurs d'arrondi, mais de signaux d'alarme statistiques.
Et pourtant, la machine politique et idéologique derrière l'énergie éolienne continue de fonctionner, insensible aux faits. La promotion de l'énergie « verte » n'est pas motivée par des données, mais par des dogmes. C'est une croisade ancrée dans l'hystérie carbone et la vision romantique des énergies renouvelables, sans se soucier des conséquences écologiques ou de l'efficacité économique. L'énergie éolienne est devenue la cathédrale des défenseurs du climat, et les turbines leurs flèches – sans parler des cadavres de plumes qui s'accumulent à leur base.
Il ne s'agit pas d'une politique rationnelle ; c'est une fixation idéologique déguisée en science. Si l'objectif était véritablement de concilier les besoins humains et la protection de l'environnement, le débat serait bien différent. Nous évaluerions les sources d'énergie selon leurs avantages concrets – fiabilité, coût, utilisation des terres, impact écologique – et non pas subventionner aveuglément toute technologie en phase avec les slogans écologiques.
La justice française a accompli ce que la plupart des gouvernements ont échoué à faire : imposer une véritable responsabilité à une industrie qui opère en toute impunité. L'arrêt Bernagues devrait servir de précédent, et non d'anomalie. Il marque une étape importante dans la mise en œuvre des mêmes normes environnementales pour l'industrie éolienne qu'elle prétend respecter. Et il soulève une question cruciale : si même l'aigle, emblème de la majesté de la nature, n'est pas à l'abri des dérives du dogme climatique, que sauvons-nous exactement ?
H/T Alexandre V